La Divine Marquise


Sous le sable mouvant,
l’étendard flottant au vent
et le clavecin ailé
de tes hanches
agrémentés de la colonnade
de tes cuisses,
brillent tes jambes
comme des balustres
baignés de lumière,
ou des poissons vivaces,
ou des guitares de l’Infini
parcourues d’ondes d’azur,
tes jambes annonçant tes chevilles
rehaussées de velours
comme le rivage de Malaga
annonce Tanger!


Soutenue par tes pieds minuscules,
tu te promènes légère
et vive
comme une divine marquise,
comme une vaguelette de lac,
comme une petite barque
cheminant dans la mer étale,
comme un galet
de la côte de Syrte,
comme un jeune olivier,
comme un peuplier de l’espérance
lancé dans le ciel de Mars,
comme un amandier verdoyant,
comme une fleur de prunier
absorbée par la Lune,
comme un poirier
mouillé de gouttes de rosée,
comme une trompette élégante
d’asphodèles,
comme une hirondelle qui prend
son envol,
comme une charmille de chênes
royale,
comme un chant d’alouette,
comme une flûte de Pan,
comme un éventail de castagnettes,
comme un miroir de nymphe,
comme un Avril commençant,
comme un couronnement de roseau,
comme une cascade de plaisir!


Car tu es une plume
voyageant dans la jeunesse
du Temps,
dans les lendemains bleus
de sa création
et de la naissance des dieux,
à travers le labyrinthe
des temples futurs
des hommes vierges d’adoration!


Tu n’en reviens
que plus pure,
plus menue,
afin de plaire
au maître de ton corps,
à celui qui t’a promis
l’alliance vitale
pour ton âme!


PLAISIR D'ACANTHEL

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. JUILLET 1999