Le Bal de la Rose


Je suis un papillon d’émeraudes
baigné de ta robe andalouse
aux volants de pétales de roses
virevoltant autour du noyau de rose rouge
de ta vulve
comme un ballet de Grenade,
comme une palpitation de planètes
autour du Soleil,
comme un tourbillon nocturne
de parfums de violettes,
comme un tournoiement d’hymnes
de rossignols,
comme une fontaine
à la vasque circulaire
d’Amour,
comme un parc de Séville
rempli de paons en mouvement,
comme un creusement de puits
de nectar
par les abeilles ouvrières,
comme une fermentation de vin
de Malaga,
comme une danse d’hirondelles,
comme une averse de météores,
comme une tempête de comètes,
comme un ondoiement d’écume
de mer,
comme un étirement de plage swahilie,
comme une clavecinade profonde
d’océan,
comme une brise d’anémones,
comme une germination de coqueliquettes,
comme un bain de tubéreuses,
comme un jardin d’aurore,
comme une oasis de minuit,
comme un premier gazouillis
d’oiseaux,
comme un tapement de guitares,
comme un concert soufi,
comme une musique des ondes
du Coeur,
comme une pénétration
de la Terre féconde
par le Déluge,
comme un vol d’aigle
dans la commissure de deux hémisphères
de Lune,
comme une communion de fidèles,
comme une lecture à haute voix
et à plusieurs
du Sacramentaire,
comme une eucharistie de grenades
venant du corps de Dieu,
comme un crépitement
du bois d’olivier
dans l’âtre de l’autel,
comme un éclair de soufre,
comme une foudre cramoisie
d’oeillets,
comme un tonnerre divin,
comme une invasion
de tulipes de sang
dans la conque de l’Âme,
comme un grésillement
de fandango,
comme un embrasement de flamenco,
comme une valse mexicaine
de cerisaies en fleur,
comme une ronde galicienne
sur fonds de glauques
Atlantiques,
comme une Pâque espagnole,
comme une fête vitale
bédouine,
comme un pillage de ville
prise par les Maures,
comme une tambourinade
arlésienne,
comme des Vêpres siciliennes,
comme une touffeur mascareigne,
comme un chant de la cosmique
transparence!


Car tu es le symbole
de la lusitane rose
un miroitement
de la rose bleue
des éthers,
la victoire sur la mort
de la rose du printemps,
la Rose, enfin,
prise dans la nuit
de son propre ovationnant
arôme!


PLAISIR D'ACANTHEL

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. JUILLET 1999