À la plus Suave des Poétesses


Il me tarde de cueillir,
avant que Charon ne m'emporte
sur la barque éternelle,
la rose mystique
qui recèle en son tréfonds
ton âme encline à l'innocence
qui fait embaumer la plaine thessalienne
comme un souffle venu de l'Olympe
et entr'ouvre la vallée de Tempé
de ton pelvis arrosé par le Pénée!


Personne n'a senti ta beauté,
personne ne s'est même douté
que tu étais la perle blanche
de l'océan des métamorphoses
et l'échelle de Jacob
conduisant au dixième ciel
et la Reine des violettes d'Athènes
et le plus parfumé
des thyms de l'Hymette
et le premier pour la fécondité
d'entre les vergers de Marathon
et la plus splendide fleur de la Morée
et l'olivier sacré se l'Acropole
que planta Athéna,
ta Déesse Immortelle
à toi la mortelle qui ne mourra
que quand l'arbre antique
que tu hantes
viendra à se dessécher
et à disparaître!


Je cheminerai vers toi
sur un coursier d'une blancheur éblouissante
et j'entrerai à cheval
dans la mer de ton coeur,
afin de m'emparer
du trésor de ton sanctuaire de nacre
et d'immortaliser ainsi
ta présence terrestre
reçue par moi en dépôt sacré
dans mon Adyton,
c'est-à-dire dans le Saint des Saints
de mon Esprit dompté par ton souvenir
et dans la cella de mon temple intérieur
où se trouve la statue
de la Vierge Très Adorée
dont c'est aujourd'hui l'anniversaire!


Tu es un lierre de rêve
enroulé autour de mon tronc
de pin séculaire!
Puise Marie,
dont tu portes le nom,
devenir pour toi
la vigneraie de l'espérance
dont les grappes de fruits
finiront par apparaître
un doux matin d'Août
au milieu de la plaine d'Argos
de ton bonheur ressaisi!


LES ROSES DE LA CONCUPISCENCE

RECUEIL INEDIT. SEPTEMBRE 2005