À la Princesse-Nymphe


Ta petite main
voluptueuse et joueuse
est un canari divin
enfermé dans une cage de rubis
flamboyants et vitaux!


Là, dans sa prison d’amour,
à longueur de journée,
il chante le chant du Soleil
ivre de miroirs cristallins,
le chant du bel or,
splendide, inaltérable et malléable
comme l’Essence,
celui de la topaze
éclatante comme la Victoire,
du diamant,
coeur infrangible de l’Eternité,
de la perle pure
comme l’Être,
de la nacre glorieuse
comme ton corps,
de l’ivoire luxurieux
comme ton désir,
de l’albâtre translucide
comme ta vie,
de l’argent plantureux
comme la chair
de la Callipyge,
de l’améthyste dialectique
comme la raison,
de l’émeraude maritime
comme l’Anadyomène,
du saphir bleu
comme ton ciel,
de l’onyx magnificent
comme le port de ta tête,
du jais brillant
comme la Lycie de tes orteils,
de l’ébène magique,
de l’acajou sacré,
du rouge vin
parfumé comme la vigne
de ton âme,
du pipeau d’Eole
léger comme ta respiration,
du platane
baigné de Sagesse,
du chêne
baigné de Justice,
du palmier triomphant
de tes sens
dans toutes les directions
irradiants,
du figuier béni
de ta fertilité,
de la Terre nourrie,
du pin souple
de ta grâce,
de l’amandier épanoui
de ta face,
de la rosée
dégouttant de la rose rouge
ornant ta chevelure,
de la fontaine profonde
de ta fortune
bruissant sous l’olivier en fleur
de ton destin,
de l’ombrelle d’une jeune fille
habitante des Îles du Paradis,
ou du parasol blanc
d’un roi d’Inde
descendant du bienheureux Asoka,
de l’ascension dans les éthers
d’un voyant,
ou du voyage artificiel
d’un haschischin,
et, enfin, le chant du bienfait
de ton existence!


Ta main
est en vérité
une chapelle
se dressant au sommet
d’une île Canarie
ou une église
bâtie sur un récif corallien
que les vagues de pierres précieuses
venant de ton centre
inondent!


Car, en elle,
s’imprime ton esprit
fantasque et beau,
enchanteur et enchanté,
chantant le monde,
de par le monde
avec art
Loué!


PALAIS DE RUBIS

EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. JUILLET 1999