L’Egale des Muses


Ô jeune femme fière de ta beauté,
ta hanche fabuleuse de fée
a sur mon esprit porté aux excès
le même effet que l’eau de l’Hippocrène,
cette source jaillie
des sabots du Pégase ailé:
oui, comme elle,
ta croupe colossale m’inspire des hymnes
où le don de prophétie
l’emporte sur le talent littéraire
et où la témérité chasse toute timidité
dans l’approche philosophique
des mystères de la Nature!


Et de même que les herbes odorantes
de l’Hélicon
sont un formidable antidote
contre les morsures de serpent,
mêmement tes fesses africaines
neutralisent les effets
du poison que j’absorbe
durant mes harassantes journées
passées dans l’enfer
de cette cité à la dérive!


C’est que de tout ton être
tu es la proche parente des Sirènes,
filles de Melpomène et d’Acheloos
et des Muses, filles de Mnémosyne
et de Zeus!


Comme elles, tu danses
ainsi que les cygnes blancs
et tu chantes avec des accents inégalables
et inégalés!


S’il en est ainsi, c’est que tu fus façonnée
par le dieu suprême,
aidé en sa pieuse besogne
par Mnémosyne, à savoir la Mémoire,
mère de la poésie!


Puisses-tu, ô diamantine,
ô victorieuse,
ô divine Bien-Aimée,
oui, puisses-tu,
de par ces oiseaux de bon augure
qui au-dessus de ma tête
tracent des cercles dans les airs,
engendrer de mes oeuvres
un Linos, inventeur de la mélodie
et du rythme,
ou un nouvel Orphée,
mais qui ne mourra pas
défiguré par les Ménades barbares
de Thrace
pour avoir perdu sa Bien-Aimée!


AME DE COCOTIER

RECUEIL INEDIT. DU 29 MAI AU 6 JUIN 2007