À un Coeur d’Ebénier


La mer de mon désir
brise sur le récif corallien
de tes formes si divinement féminines
et que j’ai épousées durant la Palingénésie
qui fut pour moi comme une troisième jeunesse,
une jeunesse d’or vespéral
et d’iode marin!


Et depuis je ne cesse de faire feu
des soixante canons de ma frégate d’acier
sur la citadelle insulaire
où tu demeures captive de l’Océan!


Et de caresser des vagues de ma mer
ta hanche bénie par les déesses
et que je frôle de mes flots indiens!


Ô ma douce Malabaraise,
ton teint doux et ardent
comme le chocolat chaud
m’a ému depuis le premier instant
où je t’ai vue pénétrer dans la pénombre
de ce temple visnouite
où je m’étais réfugié par une nuit sans lune
où j’entendais claquer le fouet
sur le dos des esclaves noires!


Si grande est l’amour
que je nourris pour ta hanche asiatique
que j’ai fait dessiner par une habile ouvrière,
sur ton sari rose et feu
qui la recouvre,
une forêt de fleurs de corail
parmi lesquelles nagent des conques persiques
et des oreilles de Midas!


Agrée cette ode,
ô toi dont la chevelure embaume
ainsi qu’un veloutier,
ô toi qui es un coeur d’ébénier
et une âme de cocotier!


AME DE COCOTIER

RECUEIL INEDIT. DU 29 MAI AU 6 JUIN 2007