Le Miracle de Dionysos
Assis à l’ombre des nues,
je contemple les oliviers
de la Sagesse,
reliés entre eux
par une merveilleuse lumière
bacchique,
et je vois très clairement,
au milieu de leurs feuilles
pérennes,
éclore la mer du Destin
où, parmi les dauphins agiles,
voyagent les Néréides,
pareilles à de grandes fleurs
de magnolias
répandues dans l’onde amère
par les mystagogues
ou à de grands oiseaux
aux ailes ouvertes,
survolant les navires
chargés d’ambroisie!
Les Soleils jettent,
dans cet archipel mystique,
des cataractes d’or
et d’argent,
que percent, téméraires,
les trières athéniennes
où Dionysos en stratège
fait germer la vigne
autour des voiles
et fait pousser le lierre
sur les mâts!
Et bientôt, déguisé en lion,
il prend entre ses mains puissantes
le gouvernail
et conduit les marins
à la victoire
sur les ennemis de leur ivresse,
les adversaires de leur plaisir,
les négateurs de leur volupté,
les fossoyeurs de l’Amour,
les Pirates de l’Hadès!
Car Dionysos est le Transgresseur
de la Mort,
le Vainqueur du Cerbère,
le batelier du fleuve
de la vie,
le libéral contempteur
des ordres tyranniques
émanés du Styx,
le destructeur de la peine,
celui qui arrache
les hommes meurtris
au Léthé omnipotent!
Car il est
le Buveur des mers,
d’étangs, de marais,
de lacs, de ruisseaux
et de rivières!
Car il est
une Ode aux terres, aux océans,
aux Lunes,
un Hymne à la surhumaine
Joie,
telle qu’en rêvent les humains,
telle que la réalisent
les Dieux,
dont il est le Coryphée,
lui, le Pérégrin,
lui, le Trois-Fois-Né,
lui, le Taureau
du Sacrifice!
CALECHES D’ AZUR
EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. DECEMBRE 1999