À ma Tendre Geôlière
Ô fière aimée,
tu te balances
ainsi qu'une femme parfaite d'Athènes,
à la fois vigoureuse et licencieuse,
légèrement danseuse,
les plumes de la croupe
grandes ouvertes
et orientées vers le Midi,
comme une offrande aux Dieux!
Rien qu'à caresser
avec une suavité de miel attique
tes flancs plus doux
que l'eau douce du Céphise,
oui, rien qu'à promener mes mains
qui n'ont fait aucun mal en ce monde,
sur ta hanche grandiose
ainsi qu'une aigle romaine,
j'éprouverais un plaisir esthétique inouï!
Que ne ferais-je pas
pour t'attirer dans ma chambre mystique!
Je ferais des intrigues,
j'ourdirais des complots
et je tramerais des cabales,
rien que pour saisir,
ne serait-ce qu'un instant de folie,
le bas de ton pied,
tout en étant agenouillé
devant le soleil grec
de ta fabuleuse beauté
qui me perce la moelle,
me poignarde le coeur
et me traverse le cerveau
comme une flèche imbibée d'opium
lancée par une archère scythe
ou comme une balle de plomb
tirée par une guérillera guatémaltèque!
Quand même je m'écroulerais
sur tes fines chevilles
de flamant rose,
je ne te demanderais point pitié,
mais je te supplierais
de me frapper encore plus,
comme si j'étais un moujik,
avec le fouet de tes prunelles
souveraines, impérieuses,
impératives et impériales!
Oui, ma divine cavale hongroise,
je t'appartiens
comme le serf à sa seigneuresse,
comme l'esclave à sa maîtresse,
comme le gentilhomme russe
à sa geôlière bolchevique,
comme le blessé à la fée qui prend
soin de lui
et comme le brûlé vif
à la guérisseuse
de ses brûlures d'amour!
VOIES DE PALMES
RECUEIL INEDIT. FIN SEPTEMBRE 2005