À la Palme de Zante


Ô jeune fille dont l’haleine
embaume la mer et le bonheur,
je sens pour toi la vénération
qu’on éprouve pour une Déesse
et en même temps je nourris
pour ta démarche ardente et lascive
une passion que je n’oublierai pas
de sitôt!


Sur tes prunelles d’aigues-marines
s’épand la luxure
avec la profusion magnifique
qui est le fait de la virginité!


Dans tes reins soyeux
chantent mille et une fauvettes
et trois cents rossignols
et ta vulve est une cassolette
où tu brûles l’encens
et les autres aromates d’Arabie!


Ah! Vivre et mourir
auprès de toi
comme face à la mer immortelle de Zante!


Altière, grasse et luisante,
tu déambules dans le temple
de l’amoureuse volupté
dont les perles et l’or
tu prodigues à pleine mains
à qui est digne de s’en parer
et de s’en faire une arme
contre la fatalité d’inconfort
et de malaise!


De cette île fortunée de Zante
que les anciens appelaient
fleur du Levant,
tu es la palme la mieux enracinée
et que la brise qui descend des cimes
caresse et fait frémir ainsi qu’une mandoline
ou qu’une viole de gambe,
dans la nuit d’été
où les hommes et femmes
chantent à gorge déployée
célébrant, à leur façon,
l’art de vivre,
legs d’un passé glorieux!


LE CHEMIN DES CIGALES

RECUEIL INEDIT. DU 8 AU 20 JUIN 2007