L’Aurore Salutaire
Ô Tendre pélargonium,
chair de l’aurore,
tu es un poème naissant,
fils potentiel
d’une écriture imminente
et non encore advenue!
Tu es une fleur
unie comme un enfant
à la rosée-mère
et non encore touchée
par le Soleil!
Tu es la cloche des parfums
qui se met à sonner
dans l’aura d’un miracle!
Cependant,
Amytis, la Reine de Babylone,
se promène en songe
avec l’Empereur,
sous la haute colonnade
portant les jardins suspendus,
par le plus grand
des bonheurs mèdes!
Les guitares ne sont pas encore
écloses,
qui plus tard tresseront,
comme des guirlandes de violettes,
les louanges mystiques
du Jour merveilleux
qui commence à peine!
Les mandolines
sont plongées dans leur rêve
vernal!
Les jeunes filles
qui ressemblent aux mandolines
se courbent les hanches
en creusant leurs reins malléables
d’une musique exquise
dans leurs petits lits
solitaires et aériens!
Les jeunes gens,
déjà debout,
écoutent, éblouis,
le premier chant d’oiseaux
de leur jeunesse!
Aucun aigle
ne plane dans l’azur
et l’alouette se tait!
Seuls quelques merles
prennent le risque
d’un envol!
Quelques Anges
font entendre leurs murmures,
pareils aux sons
d’un jet de lumière!
Une brume légère
de Désir
recouvre la mer sereine
et le zéphyr
guide les tamarins
dans le ciel des turquoises!
Les roses épanouies
la veille,
offrent leurs calices
et leurs ailes innombrables
aux mains caressantes
du fier Troubadour,
prêt déjà
à élever un hymne courtois
en l’honneur de toutes les Aimées
de l’univers,
qui à leur éveil
trouveront la Terre
transformée en un massif
de primevères,
en une prairie de jacinthes!
Les palmes se penchent
pour boire l’or scintillant
dans les nues
tout à coup resplendissantes!
Les vases de saphirs
retiennent avec science
l’élan des clavecins dansants
qui les baignent
de leur eau limpide
et belle!
Des marguerites
blanches, rouges
et jaunes
y mirent leur milieu
où pousse ostensiblement
une trompette royale!
La Lune
au teint de pétale pâle
lance encore
quelques regards
empreints d’une nostalgie
infinie,
mais ses yeux mélancoliques
deviennent peu à peu
invisibles!
Cent et un
coups de canon,
cent et une salves
d’apparat
retentiront tout à l’heure,
saluant la venue
de cet Instant,
princier entre tous,
dont la mémoire
restera ineffaçable
dans les coeurs étonnés
des hommes!
Il est ainsi
de tous les Jours
venant au monde,
précédés d’une Aurore
Salutaire,
enchanteresse de l’Être!
DUNES DE BRAISE
EDITIONS ASSOCIATIVES CLAPAS. DECEMBRE 1999