La Chevelure de Flammes


Un oiseau-parasol,
un oiseau-oriflamme,
un oiseau-croix
de la victoire
plane au-dessus de ta tête
où ta chevelure est
une tour de feu,
un péplos brodé de perles,
frangé de rubis,
une catapulte de flûtes
ouvrant une fontaine
semblable à un trou de pourpre
dans la muraille de palmes
de ton corps,
une trompette d’ange
entonnant le chant
des roses et des fruits
de ta face,
pareil à un antique dithyrambe
d’or,
une guitare royale,
pareille à un navire
mouillé dans un port
d’Espagne,
célébrant les feux d’artifice
de ton désir,
une lave venue des entrailles
du Vésuve,
une brume séraphique
montant comme une voix
d’un ravin profond,
une caresse de musc
au soleil naissant,
un olivier
se reflétant dans une inondation d’émeraudes
comme dans un poème de pierre et d’eau,
un océan atlantique
jouant avec la mer
de ta bouche
aux galets bien ordonnés,
ravisseurs de mon esprit,
une chaîne sans merci
gardant prisonnier
le condamné au doux amour,
une famille de félins
où la grâce de l’enfance
s’allie à la gravité
de l’adolescence,
un rideau de platanes
polissant tes yeux,
leur donnant le velours du rêve,
une masse fraîche de pins
naviguant dans le zéphyr
du matin,
et, enfin, une cataracte
de fleurs
jaillissant du sein virginal
d’une montagne pyrénéenne!


Car ta chevelure est
le don de la jeunesse
éternelle,
la couleur prodigieuse
de ton printemps plénier!


Elle est
un sacrifice orphique,
une offrande saphique!


Ô Fille du Sud lumineux,
tu es un cap majestueux
paré de vagues opulentes,
un arbre
dont l’ombre atteint
le Paradis
et me fait boire
à une source inépuisable
de joie magnanime
et chevaleresque!


PRUNELLES MARINES

EDITIONS ENCRES VIVES-COLL. LIEUX. MARS 1999