À la Souriante
Ton fougueux regard
qui me frappe dans mon tréfonds
comme l’onde percute
les yeux de l’hippocampe,
est un sourire
de commencement de fugue,
de genèse des mondes,
d’aurore future,
de naissance de la volupté,
de cinnamome de plaisir,
de clarine annonciatrice
de déduits chtoniens,
de flèches de clairon,
d’élan de joie
de brebis,
de miel de mamelon
de montagne,
de parfum de marasque,
de baiser mélodieux
de rossignol,
de fleuve violent,
de faucons regardant l’azur,
de reddition d’océanique
empire,
de reconnaissance réciproque
de Désir,
d’acceptation de suzeraineté
de la noblesse,
d’humilité surhumaine,
de modestie divine,
de réserve
de Joconde triomphale,
de bouche de feu,
d’ouverture aux mystères sacrés
de l’abîme infini,
de claire-voie de perles,
de blanc jasmin mauresque
de grottes de nymphe,
d’ivresse de Vénus
visitée par Bacchus,
de mousse de clairette
de Limoux ou de Die,
de pont d’amour,
du Grand Midi,
de Cordoue omeyyade,
de cercle volant
de colombes,
d’arc de diamants,
de collier de l’union,
de toucher de mer
clapotante,
de bain de vaste loisir,
de lumière de Dame Seigneuresse
de l’après-midi,
de clarisse victorieuse,
de carillon du coeur,
de plongée céleste,
de mutuelle approche
de la Forme parfaite,
de Porte secrète
de la Révélation,
et, enfin, de théophanique
Apparition!
Car ton regard
est en vérité
le rire de ta chair riche,
serpentant le long des sentiers
de l’espérance,
grave et large
comme la danse originelle,
sphérique et opulente
comme l’esprit procréateur
et féconde
et bellissime
comme l’Âme préexistante!
PRUNELLES MARINES
EDITIONS ENCRES VIVES-COLL. LIEUX. MARS 1999