Hymne à la Jeunesse


Tu es le tropique de l’or,
l’équateur des palmes,
le pôle de la jeunesse,
le port de l’aurore,
la rade des émeraudes,
la plage des saphirs,
la crique d’argent,
le sourire du zéphyr!


Tu es la coupe de perles,
l’aiguière d’améthystes,
le chant de la fraîcheur,
la caverne astrale,
la roche musicale,
la chanson du chardonneret,
la rumeur de l’écume
des rivages,
le jeu vital,
le rythme de l’azur,
le crissement de la soie,
le frisson du brocart,
l’onde de la futaine,
le frémissement de la robe blanche
de l’amandier en fleur,
la nue fantastique,
le mouvement de la Chimère,
la danse des atomes,
l’infroissable bannière,
l’immortelle oriflamme,
l’éternel étendard
de la fragilité dans la vigueur,
la comète sonore,
le météore lancinant,
le faucon amoureux
de son propre élan,
le ruisseau épris
de son propre cours,
l’échancrure de cristal,
la déchirure de marbre,
la fontaine de pourpre,
le torrent de diamants,
la cataracte de rubis,
la bouche de la vierge indomptée
au goût de cerise sauvage,
l’oliveraie de l’allégresse,
l’exubérance de la félicité,
la volubilité du Vent,
la béance alpine,
l’explosion de l’Etna,
le serment de la victoire,
le galop de la pouliche
intrépide,
la fantasmagorie des cimes,
la topaze du sommet
de ta tête,
la lune de ta noire
chevelure,
la brillance hégémonique
des îles de jais
de tes prunelles,
l’éclat souverain
de l’ivoire de ta figure,
l’archet de la joie,
le coeur vibrant
du violon,
le corps du luth,
le tréfonds de la guitare,
le souffle continu
de la passion,
la ferveur de l’Être,
l’orgueil de la Beauté!


Vêtue de tes seuls
cheveux,
tu cours par les rues
avec la grâce d’une nymphe,
resplendissante de plaisir!
Car toujours tu poursuis
l’étoile inextinguible
de la volupté
et la barque sereine
de l’aube des temps!


LUNES DE BRONZE

EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. LIEUX. JUIN 1999