Le Poème de la Lune
Un nuage de rêve
habite tes lèvres
où tu t’accoudes
pour contempler la mer,
à l’ombre de tes cheveux
où chantent les grillons
et tressaillent les balcons,
dans le poème de la Lune!
Et tu pries les astres
qui te baignent de leur onde
de te rendre immortelle
d’Amour!
Car tu t’exaltes
de ta beauté de nard
qui te fait ressembler
aux néréides,
de ton corps de rossignol
qui te rend proche des sirènes,
de ta chaleur de colombe
qui t’identifie à Vénus,
de ton allégresse d’alouette
qui te fait épouser le Matin,
de ta splendeur de biche
qui t’associe à Diane,
de ta fraîcheur de jeune fille
à la voix d’orange
qui te rend égale
à la brise,
de ton ardeur de guitare
qui te fait luire
comme la Victoire,
de ta passion incandescente
de flamme
qui magnifie la Nature
comme magnifie le Seigneur
la Vierge de Grenade!
Vastes sont les terres,
et vastes les chagrins des hommes,
mais dans l’immensité
de menthe parfumée
s’élève de ta gorge cristalline
le chant de la joie
comme un torrent qui dévale
la montagne du Sacre
solaire,
vert comme le Printemps
et qui, avant de se jeter
dans l’océan,
se retourne en un geste
d’ultime salutation
et bénit la glèbe féconde!
LUNES DE BRONZE
EDITIONS ENCRES VIVES. COLL. LIEUX. JUIN 1999