La Bengalaise


Comme le vent de Malaya
souffle dans les cheveux embaumés
de Vatravati la Bengalaise,
lui portant mes messages d’amour
et la magnificence du rêve
que je me fais d’elle,
cependant que je suis couché
dans les feuilles de soie
d’un arbre à caoutchouc,
avec pour draps les astres
et pour chevet la pleine lune de Mai!


Comme les bras veloutés de Vatravati
forment un voile
autour de sa personne
où l’on plonge dans un firmament d’été,
sillonné par les barques royales!


Et comme sa ceinture de pierreries
chante sur son beau derrière,
plus frais que la neige de Kara-Koroum,
plus lisse que le beurre,
tel qu’il se fait dans les villages du Bengale,
plus exquis qu’un oeil de nymphéa,
plus doux qu’un luth indien
et plus nourrissant que l’amrita ou ambroisie
et plus enivrant que le soma,
le nectar des dieux hindous!


Comme l’âme de ma Bien-Aimée
rayonne sous mes caresses,
ainsi qu’un soleil
et comme son corps me sourit
comme un nouveau-né dans son sommeil!


Et Krishna, ce dieu
dont sont éprises les belles de Braja,
de moduler sur sa flûte d’or
des mélodies mélancoliques ou tendres,
sous un ciel d’yeux de paon,
auprès des étangs sacrés
où Radha, sa Bien-Aimée,
chante comme un cygne royal!


YEUX DE LOTUS

RECUEIL INEDIT-DU 21 AU 30 JUIN 2007