À la Soeur Elective


Réuni à toi
par pure cognation
courtoise,
je chante l’Or sacré
des blés t’appartenant
et qui s’en vont
en rogations à Dieu,
l’Or céleste des nues
changeantes comme ta face
passant de la mélancolie
à la béatitude
et d’un instant de Purgatoire
à un moment de Paradis,
l’Or stellaire
de tes hanches
formant une planète
gorgée de soleil
et dont tous les points
de la circonférence
sont équidistants
de son centre
ou une ronde bannière en satin
que soulèvent les infants
spoliés de leurs biens
et de leur pouvoir!


Et je célèbre le blanc
du point du jour,
de cette aube
pareille à la robe
qui te drape toute entière
et qui t’enlève de ce monde
et t’élève jusqu’aux cimes
du Mérou,
par le biais de ton Âme
extensible jusqu’aux confins
de l’Univers!


Et je célèbre mêmement
le blanc du pélargonium
dont les pétales légers
portent miraculeusement
le Zambèze mélodieux
de ton corps audacieux!


Indépassable
est le blanc
de tes omoplates
s’envolant comme des claires aigrettes
de l’étang libidineux de tes reins
ou s’échappant comme des cavales
de l’ombre susurrante
de tes aisselles,
poursuivies par l’Aigle de ta chevelure
et atteignant à la fin
le peuplier de ton cou
auquel elles s’unissent,
heureuses d’avoir,
ne serait-ce qu’une étincelle
de Temps,
repoussé le péril grand
d’être emportées
vers l’azur jupitérien
comme un don à la divine Affection!


Inégalable aussi
est le blanc
de tes dents
soufflant comme une brise
venant de la source
d’immortalité,
et de la fontaine de jouvence,
après avoir traversé
les pays merveilleux
où la joie
vainc la douleur
et où la profondeur
des lacs
l’emporte sur la hauteur des monts
comme conclusion
de leur bonheur!


Car tu es ce fleuve d’Or
où se baigne
l’éléphante Blanche
de ta démarche
enchanteresse!


À ces couleurs consanguines
qui te sont consubstantielles,
tu ajoutes
langoureusement
la couleur verte
de l’étendard
de la vallée du Nil,
identique à celui
de ton Andalousie natale!


SAVANES DE ZEBRES

EDITIONS ENCRES VIVES. NOVEMBRE 1999