À la Lune Aurorale
Ô Lune Aurorale
de Juin,
tu es une Apparition
d’aubépine blanche
dans un ciel opalin
portant le vivant message
des Anges de la nuit!
Assis auprès de toi,
émerveillé je t’écoute
chanter des madrigaux bleus
de Toscane!
Tout en évoluant
avec légèreté,
tu tournoies au bal permanent
des Italies,
tu danses la passacaille fine
des biches fières,
la sarabande délicate
des cavales hautaines
et le menuet galant
des gazelles élégantes!
Protagonistes de ta mouvance
sont tes hanches
d’astrale beauté!
Elles se jouent du vent adverse,
des courants contraires,
des Temps trop étroits,
des injonctions
ou des conseils du Grand-Prêtre,
ou de la malveillance
des Reines hostiles!
Ludiques, elle jouent
au grand jeu de l’univers
comme des cartes
favorables à l’homme!
Tes hanches sont
des fleurs d’argent,
des feuilles d’or,
des mines de cuivre,
des ateliers de bronze!
Elles sont
des étés scintillants
et sonores,
au parfum enivrant de moisson,
des Edens surélevés,
entourés de dunes
de sable,
des Armoriques rafraîchissantes
et éthérées,
des savanes de zèbres
frémissant de mille yeux,
des remous gangétiques
retenus dans la chevelure
de Shiva,
des terres vertes
irriguées par le Nil,
des monts
caressés par Dieu,
des cascades de joie,
des Olympies
enluminées par l’Alphée,
de belles Heures
fuyant au pas de course,
des plantations profuses
d’hévéas pleins de promesses,
des tentes émirales,
des palais d’argile
non cuite,
des trésors de rois
inégalables par la richesse,
des barques
aux rames de cerisier
remplies de perles
orientales
fraîchement pêchées,
des éponges
qui ont bu toute l’eau
de l’Archipel,
des pistes circulaires d’azur
ceinturant des plaines céréalières,
des pentes puissantes
de Terre profonde,
des espaces
de lumière surnaturelle,
des nuages de satin,
des racines de lauriers-roses,
des aises de lions,
des charmes d’éléphants,
des maternités de mésanges,
des abeilles bourdonnantes,
des oiseaux chanteurs!
Ô Lune,
image enfantine
de la Sainteté,
tu te noies dans les blés
pour libérer le Jour!
Et tu te meus
autour de moi
comme un corps venu
du centre du Paradis,
du Céphise céleste
ou des bords
de la Yamuna bienheureuse!
Car tu es mon espérance
de vie éternelle,
ma certitude
d’immortalité!
Car tu es
mon tournesol
de la satiété,
mon grain de sympathie
cosmique,
mon Phénomène
d’Amour!
SAVANES DE ZEBRES
EDITIONS ENCRES VIVES. NOVEMBRE 1999