Le Lion de Bronze


Un lion de bronze
debout sur la proue
des navires de guerre
et qui crache par sa gueule d’or
le feu grégeois contre les nefs d’acier
des Barbares de toute origine,
tel semble le poète
aux exaltés de la victoire
et aux doctrinaires de la Révélation
de l’Amour,
autrement appelés soufis
de la splendeur du soleil levant!


Or, le barde est semblable
au fleuve Saron
qui descend des hauteurs du Taurus
et se jette dans la mer de Syrie!


On pourrait également comparer
le génie poétique
à l’eau fraîche
qui dévale les pentes du Liban,
face au port maritime de Tripoli,
où se distingua naguère
la tribu arabe des Banu-Ammar!


Mais, pour moi,
la Muse troubadouresque
évoque plutôt la cataracte d’Edesse,
ville de Macédoine
célèbre pour ses eaux
et pour son mois d’Avril,
cet Avril où fleurissent les cerisiers!


Or, le premier à fleurir
à travers toute la cerisaie d’Edesse
est bien le cerisier de ma Bien-Aimée,
cette Bien-Aimée
qui à chaque nouveau printemps
éveille en moi le désir des hymnes,
oui, le désir de composer
des cantiques et des tropaires
ainsi qu’un vrai troubadour
qui chante la gloire
de la comtesse de ses pensées
ou comme François Pétrarque
qui jadis chantait Laure
sur les bords de la Sorgue!


Car, si en temps d’hiver le trouvère
est un noir corbeau
qui plane au-dessus des terres
dévastées par les frimas
ennemis de la pensée claire,
dès la saison vernale venue,
il se transforme en un doux
rossignolet de Mai
qui chante les odes
les plus belles,
celles que l’espérance
porte sur ses ailes d’argent!


CHEVALIERS DU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 10 AU 19 JUILLET 2007