À la Seigneuresse de Gloire


Ô Toute-Glorieuse Bien-Aimée
au front de perle,
aux joues de soleil syriaque,
aux lèvres de flamme,
aux yeux d’amour persane,
à la chevelure d’émeraudes,
et aux hanches de nue aurorale,
tu exerces sur moi une telle fascination
que je ne puis que chercher
à satisfaire le moindre de tes désirs
et à me conformer à la moindre
de tes volontés!


Car tu es une telle merveille
que ton âme resplendit
sur toute notre cité
et en est le vin de l’amour
que ton regard fait fermenter
dans les cuves mystiques de l’Esprit!


Tu es si belle
que tu es le modèle
de tout ce qui est beau
sur la terre et aux cieux
et que l’Idéale Beauté se définit
et s’éprouve par référence à toi!


Je souhaite, cependant,
que cette mienne louange
du miracle solaire
que constitue ta seule existence
ne tombe pas entre les mains des vilains
qui ne sauraient que se méprendre
sur le sens d’un tel éloge,
en lé méconnaissant
ou en le faussant!


J’affirme, en effet,
que la portée symbolique de cet hymne mien
ne peut être saisie
dans toute son ampleur
que par un homme ou une dame
dont le coeur est franc
et l’esprit d’une loyauté éprouvée
et d’une grande élévation!


Car jamais les rues de nos villes,
de nos bourgs ou de nos villages
n’ont vu une telle beauté
poser ses pieds aériens
sur leurs pavés!


Jamais un sage ne fut visité
d’un tel rêve,
alliant la finesse
à la langueur,
la sublimité de Marie
à la luxure de Salomé,
l’Orient à l’Occident,
la noire Sulamite
à la blonde Béatrice,
Rhada l’Indienne
à Laure la Provençale,
la Bien-Aimée de Hafiz
à la Primavera de Guido Cavalcanti,
la Cafrine aux fesses lourdes
à la Très-Gentille Dame de Dante,
la Touranienne de Nizami
à Brunehilde la Germaine,
la Leila du désert d’Arabie
à la Fornarina d’Italie,
la courtisane athénienne Phryné
à l’héroïque Hérô d’Abydos!


Dans ces conditions,
je ne puits que formellement adhérer
à cette dantesque vision
où l’on voit Amour,
notre commune Souveraine
à tous,
tenir dans sa main
le coeur brûlant d’un amant
et l’offrir à sa Bien-Aimée!


Ô ma Bien-Aimée,
ma blanche colombe de l’esprit,
tu vis de mon coeur,
comme moi je vis de ta beauté!


LEVRES DE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 3 AU 8 AOUT 2007