La Nymphe d’Août
C’est le milieu du mois d’Août!
J’écoute d’une oreille, autant attentive
qu’enchantée,
les cigales chanter
en bonnes prophétesses de l’été!
Etendu sur un tapis de prière de Chiraz,
à l’ombre d’un figuier
aux fruits déjà mûrs,
et tout en sirotant un thé
parfumé à la menthe d’Arabie,
je rêve aux merveilleuses arcades
de tes hanches de granit oriental,
pétries par les mains
des Déesses amoureuses
et reliant entre elles
les deux colonnes ioniennes de tes cuisses
imprégnées de sel marin
et aussi aériennes
que les colonnes du temple de Diane
à Ephèse!
Dans cette mienne songerie,
la musique de ta démarche
redouble le feu de la passion
qui me dévore
et que j’éprouve pour ta chair
si bonne, si douce, si suave,
si crémeuse et si embaumée,
plus belle que les jardins de Perse
où Hafiz et Saadi devisaient
ou que les vergers tropicaux du Bengale
où Yayadeva et Candidas
se promenaient parmi les manguiers,
et aussi opulente, en tout cas,
que la Golconde
d’avant la chute
et plus fantastique
que la légendaire cité
appelée Iram
dans les Mille et une Nuits!
Sache, ô toute belle personne,
que ta beauté m’écrase
comme Saint-Pierre
et m’émeut comme Sainte-Sophie!
Car tu es aussi passionnante
qu’une statue du Bernin
ou qu’un portrait de Fayoum
ou ainsi que des têtes de femmes
dans les fresques de Pompéi
et d’Herculanum
ou que la figure de l’impératrice Théodora
sur les mosaïques byzantines de Ravenne,
ou, enfin,la basilique Saint-Marc,
à Venise la bienheureuse!
Et ta vie d’évoquer pour moi
une Byzance de rêve
ou Rome sous Marc-Aurèle!
C’est que tu es une nymphe d’Août
respirant la grâce
et la maturité d’un grain
de raisin de Corinthe!
LA MANGUERAIE DE LA VOLUPTE
RECUEIL INEDIT. DU 9 AU 16 AOUT 2007