Ode à Marisol
Ô Marisol, jeune Andalouse
parée d’une robe de brocart de Bagdad,
constellée d’or et de pierreries,
pareille à la robe que porte
la Vierge de la Macarena
à Séville,
rien qu’à rêver de toi,
on ne croit plus au malheur,
on ne pense plus aux méchants!
Oubliées les vexations
et oubliées les souffrances
dont on s’étonne déjà
qu’elles aient pu exister
dans un passé, pourtant si proche!
C’est que je te regarde
pour la somme de toutes les parfaites beautés
que l’on peut rencontrer
en parcourant le monde!
En te voyant, on croit surprendre
Uma-Parvati en train de danser
pour Shiva!
Oui, rien qu’en songeant à toi,
on croit voir la statue chryséléphantine
de Pallas Athéna
dans le sanctuaire du Parthénon
à Athènes la Brillante,
ou le candélabre d’or
à sept branches
et l’autel d’or du Temple de Jérusalem
ou les jardins de roses d’Ispahan
ou le verger magnifique
attenant au tombeau de Hafiz
à Chiraz, capitale mondiale
de l’art lyrique,
ou, toutes à la fois,
les fontaines de Constantinople
et tous les arcs de triomphe
de Rome
et jusqu’à la colonne Trajane!
Quand je contemple en esprit
ta croupe nue,
si parfaitement sphérique
et si célestement rose,
je crois me trouver
sous la grande voûte
du Panthéon de Rome!
Ton sexe semble alors
me baigner de sa lumière irradiante
et qui tombe sur ma face
comme de l’ouverture
située au sommet de la coupole
de cette merveille de l’antiquité!
Quand tu te présentes à moi
de face,
ton mont de Vénus
sous ton pubis
évoque pour moi le plaine d’Argos
au Péloponnèse,
plaine si riche en orangeraies
et en citronneraies,
ou celle de Messara en Crète,
cette île fameuse
pour ses cognassaies et ses orangeraies
et ses oliveraies,
et pour avoir été le lieu des amours
de Zeus et d’Europe
et le berceau de la Grèce
et de toute la Méditerranée!
Et que dire de tes cuisses,
ces colonnes corinthiennes
en marbre de Karystos
et qui soutiennent toutes les deux
l’arc téméraire de tes fesses?
Mais, ce qui étonne le plus
chez toi,
ce sont les olives sombres
de tes yeux enflammés
et ta chevelure semblable
à une colline d’Attique,
celle même qui porte le temple de Thésée
aux confins d’Athènes!
Oui, tu es une merveille
qui tient ou qui relève
à la fois du monde antique
par la grandeur
et de lendemains enchanteurs
par la volupté!
Car tu possèdes le caractère
des races anciennes
d’une Europe qui n’est plus
réuni à la majesté de l’Inde
et à la prudence de la Chine!
LA MANGUERAIE DE LA VOLUPTE
RECUEIL INEDIT. DU 9 AU 16 AOUT 2007