Le Château Saint-Ange
La masse sphéroïdale de tes fesses
évoque pour moi
le château romain dit de Saint-Ange,
qui dans les temps de gloire
n’était autre chose
que la base sphérique
du tombeau d’Hadrien,
montant par les gradins de tes reins
vers le temple magnifique de ton torse
dont tes seins formaient le portique
à vingt-quatre colonnes
de marbre violet!
Et moi d’empoigner,
voire de masser tes flancs vigoureux,
quand je m’apprête à te posséder,
comme naguère Alexandre le Grand
lançait les phalanges grecques
à la conquête de la voluptueuse Asie
ou comme Agathocle, le tyran de Syracuse,
conduisait les troupes siciliennes
à l’assaut de l’impénétrable Carthage
ou comme Praxitèle
faisait la conquête de sa propre âme
en sculptant l’Aphrodite de Cnide
ou comme Homère,
à chaque nouvelle strophe,
se rendait maître d’un mythe nouveau,
et comme, enfin, Horace
se mettait en possession de la félicité
par la mesure!
Car, te dominer
pendant l’acte d’amour,
revient pour moi
à monter au ciel
et à prendre ma place
parmi les étoiles fixes,
comme le Christ à l’Ascension
ou comme la Vierge à l’Assomption
chez les chrétiens,
et comme Sémélé,
la mère foudroyée de Dionysos,
ou Ariane la Crétoise
chez les païens!
Cependant, à la différence
de la princesse cnossienne Ariane,
je ne me métamorphose point
en Couronne boréale
quand je pénètre
comme un conquérant
ton être qui se livre à moi
comme la terre assoiffée
à la pluie d’or,
mais en Croix du Sud!
Car mon esprit
et tout mon coeur
appartiennent au Grand Sud!
LA MANGUERAIE DE LA VOLUPTE
RECUEIL INEDIT. DU 9 AU 16 AOUT 2007