À la Plus Chère des Almées
De toi, ô chère Almée,
on peut dire ce qu’Antoine-Marin Lemierre
disait de l’oiseau:
même quand tu marches,
on sent que tu as des ailes!
De ton corps si bon, si suave,
si heureux,
on ne peut rendre par l’art des mots
l’éclat, cette splendeur
qui triomphe du déluge des années
s’enfuyant ainsi que des colombes
blanches ou grises!
Car, comment décrire
par un pinceau savant
ta hanche semblable à la divine
mer Egée
dont les îles aux petites maisons
chaulées et cubiques
forment l’écume d’où tu as surgi
à l’aube du plus beau jour
de l’humanité,
impériale, soyeuse,
blanche, immaculée
comme Aphrodite, la fille de la mer
et du ciel?
Cependant, par l’ode présente,
je retiens de ta beauté,
ou plutôt de ta bonté,
ce qui est aussi fort que l’éternité
et aussi pérenne que la lumière!
En effet, chanter tes seins,
c’est avoir devant les yeux éblouis
le rond portique
du temple de Vesta à Rome,
composé de dix-neuf colonnes corinthiennes
en marbre blanc!
Et célébrer ta croupe,
cela équivaut à se remémorer,
oui, à se ressouvenir
de la coupole de Sainte-Sophie,
soutenue par les piliers de porphyre vert
de tes cuisses si lisses
et baignée de la lumière
de mille flambeaux
qui brillent comme les astres
du firmament de mon désir!
Mais, si je me suis jeté
avec une telle émotion
dans la composition de l’hymne présent,
c’est afin d’effacer de ton image,
qui si clairement s’impose à nous,
les quelques ombres
que la vie de tous les jours,
par ses mornes habitudes,
lui a infligées
et lui infligera sans doute
à l’avenir!
Ô Toute-Belle Dame
aux yeux de hase,
viens danser pour nous
sur la crête des vagues,
parmi les Néréides et les Tritons
de la mer grecque
qui t’a vu naître!
PORTE DE CINNAMOME
RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 24 AOUT 2007