Corps de Vent d’Août


Ô Bien-Aimée au corps délicieux,
semblable au petit vent frais
qui pendant l’été attique
souffle de la mer,
comment pourrait-on concevoir
qu’un homme sensé
puisse avoir été une seule fois
insensible à la beauté de ta hanche
si fortunée, si bienheureuse
qu’on devrait l’appeler paradisiaque
ou édénique,
voire angélique et houriaque,
à moins que, par une tartufferie impotente,
on soit amené à la qualifier
de démoniaque,
mot qui me fait horreur,
car il n’est pas mérité!


En effet, il n’y a pas de grande distance
de toi à l’Aphrodite de Paphos
dont nos bons vieux curés des temps barbares
ont fait une hydre de Lerne
à cinquante têtes
ou une dragonne terrassée par Saint Georges
ou par Saint Michel!


Maintenant, c’est au tour
de la Déesse de Chypre
de terrasser, enfin, les ennemis de la vie,
si hostiles au plaisir,
si opposés, par une évidente vilenie,
à la bonté de l’âme
qui se manifeste principalement
par l’amour de la beauté!


Ô rose de mon coeur,
déploie tous tes pétales
et de simple bourgeon que tu étais,
deviens une belle femme!


Ô Bien-Aimée de mon âme,
ouvre l’écarlate,
la rouge rose de ton corps,
afin que mes yeux,
jusqu’ici aveuglés
par la laideur des religions,
s’en délectent
jusqu’à entière satisfaction
et que mes narines,
jusqu’ici dégoûtées des odeurs nauséabondes
qui montent des couvents,
s’éveillent de nouveau
à ton parfum de vendange
qui traverse l’Attique entière,
oui, à ton arôme insidieux
et fortuné idéalement
de Septembre grec!


PORTE DE CINNAMOME

RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 24 AOUT 2007