L'Epousée Contemplée
Depuis ma guette hyaline,
j'observe les révolutions de la mer
de ta chevelure houleuse,
la marche des astres de ta croupe,
les mouvements de l'abîme de ta vulve,
les larges fleuves de Thrace
de tes cuisses porteuses d'alluvions opulentes,
l'écartement de tes prunelles longues,
la fontaine de ta bouche,
la musique de ton ombilic rose,
l'avidité de tes sourcils fulgurants,
la danse fascinante
de tes cils houriaques,
la tendresse de tes joues de jeune femme,
la tendreté de tes oreilles de velours,
la bannière de Constantin
de tes paupières d'or et de jais,
l'aile de phénix immortel
de ton nez,
la rivière de perles de ton cou bleu,
la colline de Pnyx
de ta gorge embaumée
entre les chouettes du Parthénon
et les rossignols de l'Erecthée,
le puits de ton aisselle
à la margelle de marbre,
le rivage de Mytilène
de tes épaules rondes
et bien en chair,
le frais torrent de tes bras
au-dessus du clair ruisseau
de tes avant-bras,
le phare de tes ongles cramoisis,
la flamme de bois d'olivier attique
de tes côtes,
les éclairs joviens
qui illuminent le firmament
de tes seins ouraniens,
la riche vallée de ton ventre
entre les doux monts de tes hanches
d'où vient le salut en ce monde,
le bosquet sacré de ton pubis
attenant au temple
de ta nature nue,
la danse de tes jambes fines
qui se tendent ou se replient
au gré de l'amour,
les deux lunes de miel
de tes genoux
qui sont les horloges
de l'acte génésiaque,
et, enfin, tes pieds mignons
que butinent les abeilles,
les prenant tantôt pour des primevères,
tantôt pour des narcisses
et dont tes orteils sont
la source vermeille
qui les irrigue!
Et je m'élance comme une flèche
hors de mon observatoire,
afin de t'aimer
comme un aigle royal
qui chevauche une lionne adorée!
RACES DE SOLEIL
RECUEIL INEDIT. OCTOBRE 2005