Hymne à Déméter
Ô Déesse dont l’âme est fauve
et dont le corps est de froment,
Ta chevelure semble un champ de blé
de Béotie, de Thessalie, de Macédoine,
du Latium ou de Beauce!
Or, c’est Toi, blonde Déméter,
Qui appris en des temps reculés
aux hommes à enterrer les semences
en automne,
à les faire germer dans la terre
et à en moissonner les épis dorés
en été!
Oui, c’est Toi Qui appris aux mortels
à plier sous le joug les taureaux
et à retourner la terre
avec la dent recourbée de la charrue!
Mais, malgré Ton teint de villageoise
et tes manières rustiques,
Tu n’es pas insensible à l’amour!
N’est-ce pas Toi
Qui t’es éprise d’un jeune Crétois
et Qui allas jusqu’à t’enflammer
pour lui?
Or, à l’époque de Tes amours crétoises,
une grande sécheresse s’était abattue
sur toutes les contrées habitées,
sauf en Crète où Tu t’étais retirée
après avoir abandonné
à son sort
le reste de l’humanité!
Mais en Crète, quelles moissons
jusque dans les bois même de l’Ida
et quelle félicité!
Minos lui-même s’en émut
et souhaita que fussent prolongées
cette prospérité et cette joie
inaccoutumées même en Crète!
Oui, ô Grande Protectrice de l’Oecumène,
il suffit que Tu te relâches
pendant un moment
pour que nos campagnes
tombent en ruine!
Et quand Proserpine, Ta propre fille,
ô amante de Zeus,
fut enlevée par le Roi de l’Enfer,
comme la terre pâtit de Ton chagrin
destructeur de toute vie!
Sois, donc, heureuse,
ô Déesse à la croupe de cristal
et aux seins ambrés!
LA TAVERNE ENCHANTEE
RECUEIL INEDIT. DU 1ER AU 8 SEPTEMBRE 2007