Eloge de l’Attique
Après avoir traversé
tous les pays du Ponant
et le Siam lointain,
et après avoir rêvé de l’Iran,
je prie présentement
le protecteur des poètes Apollon
de m’accorder, ainsi qu’un présent,
la terre antique de l’Attique!
Oui, je souhaite ardemment
que ma vie arrive à son terme
pendant que je serai en Attique,
contrée fameuse pour ses troupeaux de brebis
que dans l’antiquité
les pastourelles couvraient d’une peau,
afin d’en préserver
la précieuse laine!
Mais si l’Attique est célèbre,
c’est surtout par son miel
qui rivalise d’excellence
avec le miel de Sicile,
car il naît d’une fleur de thym
merveilleusement embaumée!
Les raisins de ce pays
doué pour l’art poétique
n’ont rien à envier
aux raisins de Falerne
et les fruits de l’arbre
planté en des temps fort reculés
par Athéna
y sont aussi bons
que ceux de Campanie,
terre heureuse s’il en est!
Cependant, devant l’autel de Phébus,
frère ennemi de Bacchus
ou son double,
avec de l’encens et des rameaux sacrés
et, tout en faisant des libations
de vin nouveau,
je sacrifie une blanche génisse!
Le but de cette immolation,
c’est de demander au Dieu musicien,
non pas, comme un laboureur,
les abondantes moissons
de la grasse Thessalie
ou, comme un marchand,
l’or indien, l’ivoire africain
ou les perles orientales,
mais d’obtenir que l’Attique
soit le bien-aimé séjour
de ma vieillesse,
elle qui est le berceau de la jeunesse
du monde!
C’est que je suis
relativement à elle
comme un paon sur la branche
ou un cygne dans l’eau!
Désormais, peu m’importe
que telle ou telle contrée
attire à elle le vulgaire!
Seule importe la tonnelle
sous laquelle je bois,
tout en rêvant de persanes beautés!
Ô Attique, tes longs étés
et tes hivers tièdes
m’appellent à la clémence,
à la fidélité et à la volupté!
AMOUR DE PALMES
RECUEIL INEDIT. DU 9 AU 16 SEPTEMBRE 2007