À une Fille de Biche
Ô jouvencelle pleine de grâce,
dont la chair est plus fraîche
qu’un feuillage d’Avril,
plus ferme que l’azur de Mai,
plus savoureuse qu’un melon de Juillet,
et plus à point pour l’amour
qu’un grain de raisin de Septembre,
pourquoi me fuis-tu?
Pourquoi comme un faon
cherches-tu ta mère
par les détours de montagne
telles que l’Algide du Latium,
l’Erymanthe d’Arcadie
ou le Cragos de Lydie,
ô toi que la lointaine rumeur de la mer,
le bruissement des platanes
ou le bruit que fait un lézard vert
en passant sur les ronces,
font trembler?
Pourquoi m’éviter de la sorte,
comme si j’étais un blanc dragon de Chine,
un tigre du Vietnam,
un lion de Kabylie
ou un farouche taureau d’Extrémadure?
Or, tu es mûre pour l’amour,
oui, tu es mûre pour moi
qui comme un bélier immaculé
rêve de te pénétrer,
de te posséder!
En vain tu fuies présentement
l’approche des hommes,
le jour viendra où obsessionnellement
tu rêveras d’être caressée,
possédée, aimée!
Ô folle créature,
je ne cherche pas ainsi qu’un loup
à te broyer,
mais à t’aimer comme un être humain!
Or, un jour tu seras courtoise et amène,
oui, quand chez toi
la sauvagerie sera vaincue
par la soif de connaître
en aimant!
AMOUR DE PALMES
RECUEIL INEDIT. DU 9 AU 16 SEPTEMBRE 2007