Les Nymphes des Blancs Peupliers


Ô Nymphes des blancs peupliers,
vous frémissez sous le vent de Thrace
qui vous apporte le souffle de Bacchus
à la longue chevelure de myrte
et l’art du vers d’Apollon Agyaius,
le protecteur des rues,
cependant que dans le feuillage
des grands arbres que vous hantez
luttent tous les soleils
des mondes autres que le nôtre,
multiples à l’infini
comme Giordano Bruno le pressentait
et le souhaitait
au péril de sa vie!


Pourtant, je ne pousserai pas
mon désir jusqu’à chercher
à vous voir avec mes pauvres yeux terrestres
et à vous sentir par mon toucher,
car je sais que Phaéton,
quoique fils de soleil,
se brûla vif pour avoir conçu
de trop avides espérances
et que Bellérophon s’est vu
rejeté par son cheval,
le Pégase ailé
à qui il avait commandé
de le porter jusqu’à la demeure
des Dieux!


Et, en général, sont punis de folie
ceux qui recherchent les immortalités
sur cette terre
et dans ce monde,
alors que les mois, les semaines,
les jours, les heures et les minutes
passent et s’enfuient,
portés par la lune
qui fait prospérer les moissons
et qui répare les dommages
infligés à la Nature
par les hivers rigoureux
et les étés torrides!


Ô Nymphes des bois,
et vous, Fées des sources,
à la façon de la liqueur de Dionysos,
vous êtes généreuses
à nourrir l’espoir
et puissantes suffisamment
pour noyer les chagrins
ou les soucis des mortels
dans la musique sublime
de vos célestes cithares!


LES MANDARINS DE LA LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 23 SEPTEMBRE 2007