Hymne à une Fontaine de Beauté
Ô ma Bien-Aimée,
tu as sans doute été élevée
dans quelque yali du Bosphore,
car comment expliquer autrement
la transparence de ta peau
pareille à un ciel bleu de Septembre
et le teint nacré de ta croupe
plus blanche que la robe
d’une pouliche nouveau-née,
plus sublime que la Corne d’Or
et plus grandiose
que la Cité de Constantinople
appelée par les Turcs
Stamboul ou Istanbul,
c’est-à-dire La Ville!
Plus voluptueuse qu’une Persane
et plus langoureuse qu’une Indienne,
tu es instruite aux doux accents
de la guitare
et tu es savante à l’aoud
qui sous tes doigts de musicienne
exhale ses mélodies les plus éthérées,
les plus savoureuses aussi,
plus savoureuses, en tout cas,
que la lune pleine
et que le soleil
du commencement de l’automne,
quand le moût embaume
par les campagnes de l’Hellade!
Plus ivre qu’Alexandre le Grand
et plus sage que Jules César,
j’entrerai dans ta chair
qui est à point pour l’amour,
dans l’espoir de mériter
les lauriers du vainqueur
et la pourpre du triomphateur!
Mais quel stratège athénien,
quel le Roy de Sparte,
quel consul romain
peut prétendre avoir soumis
à sa volonté de fer
une chevelure telle que la tienne,
des épaules aussi belles que les tiennes,
une telle gorge que la tienne
et une hanche aussi belle,
aussi magnifique que la tienne?
Aucun dans le passé
et nul dans le futur,
sois-en sûre!
LES MANDARINS DE LA LUNE
RECUEIL INEDIT. DU 17 AU 23 SEPTEMBRE 2007