À la Chaste Prêtresse


Ô si aimante jouvencelle,
ton bloc fessier dessine
un arc sassanide
et toute ta croupe est
la croupe d’une cavale mongole,
celle même que chevauchait Tamerlan
quand, à la tête des guerriers
les plus puissants, les plus courageux
que la terre ait jamais connus,
il prit Bagdad
ou incendia Smyrne!


Ton anus, cette perle d’Orient,
cet anneau de topaze,
ce bolide de Tartarie
et ce rubis génésique,
est la flèche qui me blessa à jamais
et qui m’assassina,
afin de me régénérer!


Ton anus est donc
le Dieu Shiva-Rudra le Destructeur
et le Régénérateur,
aidé de Mahakali
qui n’est autre que ta vulve grandiose,
ouverte aux souffles d’Eole,
oui, à ces vents qu’Eole
garde prisonniers
et qu’il ne libère
que si un vide se fait sentir
dans le vaste univers!


Or, si ta vulve est grande ouverte,
c’est qu’il y a vide dans ton coeur:
les forces qui nous gouverneront
au troisième millénaire
de l’ère chrétienne
ne se sont pas encore fait connaître
et la vieille Terre est si décrépite
que c’est à grande peine
qu’elle se survit à elle-même
en nous fournissant la matière mythologique
nécessaire à qui veut réfléchir,
à qui veut méditer
sur le futur de la pauvre humanité
qui, dans son inconscience
ou son imperméabilité,
n’en demande pas tant,
peut-être!


C’est avec une extrême attention,
avec un recueillement souverain,
et tout à fait subjugué
que je t’écoute chanter
sur la scène de l’antique théâtre
du monde
et je crois saisir
ce que tu veux dire,
de par l’ampleur extraordinaire
de ta voix surprenante
de chaste prêtresse
qui dit ce que moi je dis
à mi-voix,
sous forme de lettre d’amour
en l’hymne ci-présent,
ainsi que dans mes cantiques
et dans mes odes toutes,
passées et à venir!


L'ORANGER DE GRECE

RECUEIL INEDIT. DU 24 AU 29 SEPTEMBRE 2007