Le Café de Stamboul


Assis sous un berceau de vigne,
dans le délicieux jardinet
d’un antique café de Stamboul,
et tout en aspirant la fumée
au parfum de rose
de mon narguilé,
je rêve au fabuleux mouvement de pendule
de ta hanche
qui est à l’origine
des battements violents de mon coeur
où sont incrustées
les cellules de ton épiderme
semblables aux émaux persans
recouvrant les mosquées de Boukhara!


Parmi les odeurs de tabac blond
et de narguilés
fumés par des Turcs rêveurs,
j’élève secrètement
un hymne à la Seigneuresse
de mon âme,
la Néréide Leucothéa,
détentrice de la clé
de la mer calme
et patronne des marins!


Cet hymne, en plus de réveiller
les rossignols dormant dans les bocages,
a pour but d’obtenir
de cette divinité
si chère à mon coeur
qu’elle garde dans la tranquillité
l’Archipel où cette nuit je voyagerai
afin de te rejoindre
dans ta couche où séjournent
des coucous, des fauvettes
et des rossignols,
pour le plus grand bien
de la Sagesse
qui consiste à vivre
en accueillant dans son sein
la colombelle de l’amour,
soleil de la vie,
pleine lune du désir!


Cependant, ici même, à Stamboul,
il me souvient des jeunes filles turques
qui allaient naguère
chercher l’eau
aux merveilleuses fontaines ottomanes
de cette Reine des cités,
munies d’une cruche de cuivre
qu’elles portaient sur l’épaule
et alors je pleure
la beauté ensevelie
sous les décombres
de l’antique Constantinople!


LE DIVAN D'OR

RECUEIL INEDIT. DU 30 SEPTEMBRE AU 8 OCTOBRE 2007