La Mer d’Huile de Maya


La mer d’huile de ton âme
qui baigne la barque blanche et bleue
de ton corps
dans le magnifique havre de Béotie
de ton coeur
et sous le ciel immaculé de Mahakali,
m’enseigne cette qualité essentielle
de tous les Sages
qu’Epicure nomme ataraxie
et qui n’est autre
que cette sereine impassibilité
que l’on voit se dessiner
sur le saint visage de Bouddha
et que l’on notait déjà
sur les Kouroi de la Grèce archaïque
ou sur les Caryatides du Parthénon
ou sur l’Aphrodite de Praxitèle
ou, enfin, sur l’Archange Gabriel
de la cathédrale de Reims!


Pour retrouver moi-même
cette divine sérénité,
j’irai en pèlerinage à Puri,
dans l’Orissa,
sur la côte du Bengale
où je me joindrai,
comme dans une extase,
au cortège de Vishnou
le Sauveur
dont la statue emporte
un chariot aux roues d’or
sous lesquelles maints pèlerins
aimeraient tomber
afin de se délivrer
des maux de ce monde!


Mais j’irai aussi à Madura
pour adorer Shiva
ou à Varanasi-Bénarès,
la Kashi de l’antiquité,
le diamant de l’Inde,
le lotus de l’univers,
la plus ancienne cité sainte
de la terre,
la Mecque du Dharma,
c’est-à-dire de la Loi hindoue!


Ce que j’aime en toi,
c’est l’expression maternelle
de ton regard brun
que Ramakrishna, dévot de Kali,
croyait reconnaître en toute femme
et que moi je n’ai trouvé
qu’en toi,
ô Maharani de mon âme,
ô sphinge de mon coeur,
ô Mahamaya,
à la fois Durga
et Kali!


VEHICULE DE DIAMANT

EDITIONS ENCRES VIVES. COLLECTION LIEU. JANVIER 2008