Le Port du Coeur


Aujourd’hui à midi,
j’ai jeté l’ancre
dans le port formé de rochers
de ton coeur bienheureux,
cependant que la fête battait son plein
dans la citée damnée
où les petits chiots
s’adonnaient à la chasse
aux papillons blancs,
où les fillettes jouaient
avec leurs poupées de coquillages
et où le troubadour
au regard fou de joie,
ayant emprunté sa pensée
au tréfonds des cieux,
était devenu la quintessence de la sagesse
et la prime essence de la vérité!


Et au mitan de ton sein gauche,
dans la brume où la mer
se confondait avec le firmament,
j’ai joui du calme parfait
d’une contrée d’outre-mer
et de la divine ataraxie
qui est l’apanage des savants
connaissant les mystères d’en-haut
et d’en-bas
et dont l’esprit resplendit
dans le neuvième ciel!


À mon retour de cette randonnée
au pays des Déesses et des Dieux,
j’ai composé la cantate présente
où s’affirment avec force
les réminiscences d’un antique
état des choses,
oui, d’un âge d’or
où un Booz pouvait trouver le bonheur
dans l’amour infinie d’une Rachel
et où une femme brillante
comme Rebecca
pouvait espérer,
sans craindre une déception,
en une aube parfumée
dans les bras d’Isaak,
parmi les coffrets d’Orient
en bois de cyprès
et qui contenaient des robes tissées
par des vierges d’Iran,
sa dot en ce monde
où le don gratuit est plus rare
que le pain et que le vin!


Or, je vais clore cette mienne ode
en réaffirmant mon attachement
à un passé que je subodore
cent fois plus noble
que le présent marécageux
où nous sommes tous enlisés
jusqu’au cou,
y compris les aigles et les lions!


ECLAIRS DANS L'AZUR

DU 27 OCTOBRE AU 3 NOVEMBRE 2007