Hymne à la Femme-Nef


Sous tes voiles arachnéens d’Indienne
se cache une mouette sans pareille
sur la terre et dans le ciel
ou une étoile apparue pour la première fois
au firmament nocturne!


Or, tu es semblable
à la femme née
au sixième jour de la Genèse,
c’est-à-dire aux tous premiers instants
de la vie humaine!


Oui, tu es belle
comme la face de l’Inconnu
et chaste comme une perle
dans son huître d’origine!


Comme je voudrais me baigner
dans ton corps béni
que seule la rosée de l’aurore
a touché!


Oui, je voudrais me rouler
dans ta chair nacrée
comme dans un drap de lit immaculé,
parfumé de lavande
ou comme dans une vague de cristal
se brisant sereinement
sur le rivage de l’île d’Andros!


Et non seulement tu es un astre
jamais apparu auparavant,
mais tu es aussi un étendard perse,
planté sur la cime du Caucase
par un prince achéménide,
ou une bannière de pourpre
dressée sur le sommet du Vésuve
par un consul romain,
ou un drapeau punique
rouge et or,
suspendu au faîte
de l’acropole de Carthagène!


Que ne viens-tu brûler un cierge
dans la petite chapelle chaulée
où je prie pour mon salut
ainsi qu’un navigateur céleste?


Tu mettras ta petite main chaude
dans ma main large
et devant l’autel saint
notre prière commune à tous deux
s’élèvera toute blanche
ainsi qu’un voeu!


Car, comme Béatrice,
tu es destinée à la lumière du Paradis
et aux rivières qui l’arrosent,
comme ta bouche arrose mes lèvres
en un éternel baiser!


Ô comme je voudrais plonger
dans l’ondoiement châtain
de ton opulente chevelure
comme dans une châtaigneraie de Corse!


Et les Déesses de la Beauté
d’envier ta hanche
qui semble dessinée
par le pinceau d’un maître libertin
de l’âge baroque!


Oui, tu es la haute nef
en bois de sapin du Parnasse
à bord de laquelle je traverse
les cimes ultimes du Ciel
sur le chemin de la gloire!


ECLAIRS DANS L'AZUR

DU 27 OCTOBRE AU 3 NOVEMBRE 2007