Le Philosophe-Poète et les Images


Depuis ma jeunesse première
j’ai appris à philosopher par images!
Car, comment penser les célestes sphères
autrement qu’ayant à l’esprit
l’image éloquente des oranges,
appelées aussi pommes d’or,
ces filles de joie napolitaines
ou madrilènes,
ces hétaïres musiciennes,
ces geishas poétesses,
ou l’image tout aussi parlante
des grenades, ces vierges puniques
au doux popotin
de miel sicilien
ou celle des croupes de montagnes
ou d’alezanes fauves
ainsi qu’un drapeau impérial
ou, enfin, des croupes de jeunes femmes,
image, voire icône et idole
qui suggère une vie ardente et opulente
où le poète,
entouré d’une ribambelle de jouvencelles
offrant des services amoureux
tels que caresses, étreintes, baisers
et pénétrations de toute nature,
éprouve un intense
sentiment de félicité!


Or, c’est ce sentiment
qui est à l’origine
de l’oeuvre d’art en tant que telle
par l’harmonie à laquelle
cette félicité élève
et par la fierté
ivre d’elle-même
et du monde
qu’elle installe dans l’âme complexe
de l’Artiste!


Je suis en vérité
plus lucide que jamais,
car je suis conscient
d’avoir construit patiemment,
caillou par caillou
et pierre par pierre,
oui, je sais que j’ai bâti
une oeuvre de sagesse
plus que de pure ornementation,
encore que parer la vie
de mille ornements,
de mille atours,
n’est pas une affaire aussi mince
que les apparences,
ces mères des péchés,
laissent supposer,
surtout par les hommes superficiels
et malveillants!


Car se servir d’images
plutôt que de raisonnements,
cela laisse carte blanche
à la richesse de la pensée
et à la profondeur cosmique
que celle-ci alors atteint!


AVENUES DE CHAIR

RECUEIL INEDIT. DU 5 AU 13 NOVEMBRE 2007