Sur le Lit de Cristal
Quand par une rose soirée de Juillet
je vois ton ineffable hanche
étale sur un lit de cristal,
dans ta chambre d’ambre,
je crois boire dans la coupe débordante
de la nuit,
cependant que Bacchus
descend du ciel divin
sur des ailes de musique!
Et sur la nef Argô
de mon existence,
où rament les Argonautes,
apparaît un pampre
festonné de topazes
et un lierre porteur d’émeraudes
s’enroule autour du mât!
Il me semble alors
que je foule le fruit sacré de Dionysos,
aidé des Bacchantes
qui, la tête renversée en arrière,
et les cheveux dénoués,
chantent l’évohé
en s’accompagnant de castagnettes de bronze!
Et toi de m’offrir
la somptueuse coupe de ta vie,
afin que je la remplisse plusieurs fois
de vin vendangé dans le vignoble dionysiaque!
Ô mortels à l’humeur chagrine,
si vous saviez combien je jouis
de la chair de ma Bien-Aimée,
de cette chair bénie
qui a longtemps macéré dans la myrrhe
et qui est chargée de volupté,
de ma volupté!
Et au-dessus de sa tête châtaine
se forme un arc-en-ciel
pareil à un fleuve d’angellettes
prenant sa source dans le firmament
et se jetant dans la mer d’Attique!
LA TUNIQUE D'ALGUES
RECUEIL INEDIT. DU 14 AU 23 NOVEMBRE 2007