La Dame à la Beauté de Laurier

Ô femme élancée
comme un grand cyprès d’Attique,
fière comme un myrte
sur les bords du golfe Saronique
et belle comme un laurier de Delphes,
tu es le rire de la mer
et son air salin
et la brise âcre du matin
qui dissipe les vapeurs!


Ô toi qui m’es aussi nécessaire
que l’air à ma poitrine
et que le sang à mon coeur
et à mon cerveau,
je ne puis dormir
qu’auprès de ton sein
aimé ou haï,
selon le temps qu’il fait dans mon âme,
gris ou bleu,
bon ou orageux,
victorieux ou pitoyable,
gai ou lamentable,
riche ou misérable!


Ô femme qui m’abreuves
d’essence de rose
recueillie sur le Rhodope,
je voudrais laver ma chevelure châtaine
dans les violettes sombres
de ton pubis,
afin que tu me reconnaisses
à titre définitif
comme ton héros de légende
et ton dieu du point du jour!


Ô toi qui montes à l’horizon oriental
comme l’étoile du matin,
tu es une corne d’abondance
qui me verse ma nourriture terrestre
et marine,
carnée et végétale,
physique et spirituelle,
diabolique et angélique,
chtonienne et céleste!


Pour moi, tu es la proie choisie,
la proie élue
et le butin fabuleux
que je ramène de mes guerres
dans les Indes,
par ma volonté lancées
comme des navires sur la mer!


Et comment ne pas chanter ta beauté
sur ma lyre apollonienne,
puisque ta croupe est aussi arquée
que le dos du pont vénitien
de Rialto
ou du pont parisien du Carrousel
d’où l’on a une vue plongeante
sur la scène impériale de Paris,
voire du Pont Royal
où l’on sent son âme
unie à l’âme des Rois
et des Reines de France!


Salut à toi
que j’étreins comme le ciel d’Athènes
et que je bois comme le vin doux
de Chypre,
tu es l’arôme même de la vie,
le soleil qui baigne mes jours,
la rose qui embaume dans ma bouche,
la rosée qui rafraîchit mon front
et la pleine lune
qui me rend fécond
et me sauve de la nocturne fièvre!

LA TUNIQUE D'ALGUES

RECUEIL INEDIT. DU 14 AU 23 NOVEMBRE 2007