Hymne à une Divine Enchanteresse


Ô divine,
ô quintessente enchanteresse,
durant la nuit mystique
tu es la lune pleine
qui me caresse le visage
de ses paumes de topazes jaunes
ou bleues
et durant le jour olympien
tu es le soleil
qui m’apporte l’ample respiration
de la mer
et le souffle salin de celle-ci
et l’haleine des cimes enneigées
des montagnes de l’Eubée
et le parfum de la tunique d’algues
dont tu es vêtue
aux heures matinales!


Et au crépuscule d’Août,
sous le pantalon oriental
en soie siamoise
ou en tissu de Mossoul,
ta croupe de palpiter
dans la brise paradisiaque
comme un feu grégeois!


Et, à la lumière impériale
des lustres du Grand Palais de Constantinople,
ta hanche de devenir l’étendard de Constantin,
ce labarum, gloire de Byzance
et signe de ma victoire
sur la mort,
sur l’affaiblissement
du sentiment de puissance
et l’affaiblissement de l’ivresse tragique!


En revanche, quand tu portes
la longue robe écarlate de Phénicie,
tes flancs claquent
comme les voiles de pourpre
d’un navire de corsaire turc
défiant l’Europe et ses lois
qui tendent toutes
à l’extinction de l’esprit de révolte
et de toute provocation personnelle!


Or, de par ton corps plantureux,
tu es l’orgueil de la Grèce
qui aime les femmes aux hanches fortes
comme la vie adolescente
et comme l’amour éternelle!


Et, quand enfin l’heure des voluptés sonne,
ta hanche dénudée de se transformer
en une miche ronde et blonde
à laquelle ma santé
donne la saveur
du meilleur pain de froment,
à peine sorti du four
de l’amoureuse passion!


LA TUNIQUE D'ALGUES

RECUEIL INEDIT. DU 14 AU 23 NOVEMBRE 2007