À la Prêtresse de l’Amour
Sous ta jupe courte
couleur d’ambre,
resplendissent tes reins robustes
et s’arrondit ta croupe
comme la proue recourbée d’une gondole
ou la coupole principale de Sainte-Sophie
ou les cinq dômes réunis de Saint-Marc
ou la place parisienne de la Concorde
ou le Rond-Point des Champs Elysées
ou le cratère du Vésuve
ou une bombe
larguée par un avion de guerre
sur un archipel corallien
ou la fournaise où cuit le pain
du laboureur
ou un bock de bière
ou la coupe d’or
où Alexandre le Grand
buvait du vin de Chypre
ou, enfin, le lustre byzantin
suspendu au pinacle du Paradis
et que le souffle du Saint-Esprit
fait osciller dans une harmonie intégrale!
Or, c’est dans le havre attique
de ta hanche miraculeuse
que j’ai placé toute mon oeuvre de vie
et toutes mes fins de beauté!
Car, de tes flancs fascinants
me vient une vie
nourrissante comme le lait d’ânesse,
oui, un excès de vitalité bienvenue,
une surabondance de sang
qui fait gonfler mes artères,
ô ma prêtresse fessue,
ma Déesse Callipyge,
ma femme bien hanchée!
Ô toi dont les fesses
m’ont appris à aimer le monde
et le moment présent,
agrée cette lyrique offrande
comme le moindre des hommages
dus à ton insigne beauté
et à ta grande bonté!
LA TUNIQUE D'ALGUES
RECUEIL INEDIT. DU 14 AU 23 NOVEMBRE 2007