Ode Solaire


Ô très chère fiancée
et très aimable épousée
et très discrète concubine,
Soleil des Soleils
et Lune des Lunes
et Galaxie des galaxies,
quotidiennement je te baptise
dans ce feu qui m'embrase
et me métamorphose en Colonne de Vendôme
par laquelle je te maintiens
sous mon amoureuse domination,
cependant que tu te débats,
ô lune, ô soleil, ô galaxie,
entre mes bras vainqueurs
comme une prise de pêcheur heureux,
car habile,
ou comme un fringant gibier,
blessé par les balles
d'un chasseur téméraire
ou par les flèches
de la Diane chasseresse!


Je suis tant porté vers tes appas sorciers,
que je me surprends parfois à rêver
qu'Alésia, cet ultime lieu de combat
entre Gaulois et Romains
et chant du cygne de l'indépendance
du pays glorieux des Arvernes,
l'antique Auvergne,
est en réalité située
sur ta colline de Vénus!


Car cette dernière,
comme Alésia,
qui aujourd'hui s'appelle Alise-Sainte-Reine,
est entourée
des grands monts de ta croupe
et ceinte de deux rivières,
la rivière de ta vulve
et la rivière de ton anus!


Et c'est sur cette colline
que je livre mes batailles
les plus victorieuses,
tel un nouveau Jules César,
celui que Latins et Grecs
ont élevé au statut de Dieu!


Oui, par mes triomphes
sur ton extraordinaire puissance,
je deviens comme un César
d'illustre naissance,
mûr pour le couronnement
sur le Capitole,
oui, mûr pour le laurier d'or
sur ma tête d'Imperator Triomphateur!


Loin de moi, pourtant,
toute idée de guerre entre les sexes!


Plutôt que de guerre,
je parlerai de cette paix
qui nous fait combattre entre nous,
afin de mieux
nous unir!


Car, à chaque fois
que nous nous aimons,
je viens, comme un guerrier
qui ne songe qu'à la paix,
rétablir l'harmonie
entre les diverses nations
de ton être
et, plus particulièrement,
entre ton esprit,
souvent rebelle et embrouillé,
et ta chair,
victime des nombreuses et brusques
agitations de ta psyché!


Or, comme un fort,
comme un César,
je veux toujours
te voir dans une paix riante
et féconde
avec ton propre Soi,
c'est-à-dire avec toi-même!


ODES SOLAIRES

RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005