À une Tragédienne
De par la masse vivante
de ta grande et large hanche,
dans la corolle de laquelle
brûle comme une rose ta vulve,
tu es une artiste capable de porter
tout le poids de la tragédie grecque
en soulevant des immenses vagues
de richesse génésique,
oui, des énormes lames océaniques
où s’imprime l’amour de tous les hommes
pour tes fesses prophétiques,
dominatrices de destinées héroïques
et qui tracent l’allée de rêves
où, par les merveilleuses aurores
et les crépuscules royaux,
déambule le poète glorieux,
ce personnage tragique
de par la surabondance des forces
qu’il sent en lui
et qui sont contenues dans les limites étroites
d’un corps frêle
et d’une âme hantée
de desseins grandioses!
Or, le drame antique
est né de l’ivresse tellurique
de Dionysos, ce dieu des sèves vitales,
du raisin foulé
par les pieds des vendangeurs,
puis du vin fermenté
dans les cuves géantes!
Oui, le théâtre est né
de ce dieu entouré de Satyres, de Faunes
ou de Priapes,
mais aussi de Bacchantes
aux fesses fortes
et aux longues chevelures dénouées
et qui dansent au son des castagnettes!
Mais si le drame dionysiaque
est devenu un art,
c’est qu’il est allé au devant
d’un poète apollonien
qui apporta une musique céleste
à ce qui n’était
qu’un pur mugissement de taureaux
approchant des génisses
ou le sauvage concert des boucs
excités par les chèvres
ou le brame des cerfs
sentant l’odeur des biches
ou, enfin, des cris indistincts
dans une forêt de hêtres
ou de chênes ou de châtaigniers!
LA PYRAMIDE DE LA LUNE
RECUEIL INEDIT. DU 3 AU 10 DECEMBRE 2007