Haleine d’Yeuse


Ton corps porte tes seins
comme ta bouche ton haleine
de jeune yeuse,
comme l’oranger ses oranges,
comme l’amandier les amandes
de tes longs yeux,
comme le ciel le soleil
et la lune pâle,
comme l’automne les nuages,
comme la nuit les astres
et la mer les îles!


Dans ce sommeil lucide
où seuls le rêve éveillé
et les visions du poète
flottent à la surface
de mon esprit,
tu es mon promontoire de Sounion
où se dresse le temple antique
dédié à Athéna
et qui figure ton visage d’Ionienne
venue d’Asie mineure!


Or, c’est par la contemplation
de ton visage
que j’apprends à être un amant
conscient de sa puissance
et un ménestrel
digne de chanter
en s’accompagnant d’une lyre de Mytilène
en or et en ivoire
et qui a le même nombre de cordes
que les sept couleurs
de l’arc-en-ciel!


Comme un fleuve
arrivé à la mer,
je m’arrête pendant un bref instant,
ébloui devant l’immensité
de ta croupe
où la déesse de l’amour
te tend la main,
à toi, une femme mortelle,
mais jugée digne,
de par sa beauté,
de rivaliser avec les divinités!


Ô toi dont la nature est bonne
comme ta chair est
succulente au toucher,
reçois cette ode
comme une marque de respect
rendue à ta virginité
alliée à une intense
soif d’amour
et comme un éloge de ta jeunesse,
cette jeunesse qui fait
que tu es si savoureuse
et si appétissante!


CORPS DE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 DECEMBRE 2007