La Femme-Piano


Ô femme libre et victorieuse,
tu as l’apparence d’un piano
dont les touches blanches seraient
ton corps virginal,
avec le mont de Vénus au milieu,
et les touches noires
ta chevelure d’ébène
investissant ta chair
du sommet de ta tête
perdue dans les nues
à tes talons légers
ainsi qu’une poussière de coraux!


Et ton pouls de forger ton corps
comme le marteau du coeur
frappant l’enclume de la destinée!


Ainsi qu’une chanson
dont le tempo irait en croissant,
ton sang bouillonnant
monte dans ta poitrine,
la rendant haletante d’effort héroïque
comme une marmite où cuit
le repas de l’ouvrier
et qui souffle et soupire et gémit!


Or, ta chanson est plus aérienne
qu’un cantique entonné par des alouettes
et rendant le silence de l’aurore
tout ému d’allégresse
comme au premier matin de la Création,
et celui du crépuscule du soir
tout ému de douleur
comme à la première nuit de l’Histoire!


Et comme une feuille de mûrier,
tu t’abandonnes au tourbillon
de mon amour
qui comme une mousson indienne
te submerge en te fécondant,
oui, en pénétrant dans ta matrice
au moment où celle-ci
est plus fertile que jamais!


Ainsi qu’un troupeau de brebis
toutes blanches,
tu descends le long
des pentes de la Foi
afin de rentrer au bercail
de mon désir
où j’entretiens un riche feu,
tout ardent et rayonnant,
pareil au foyer d’Ulysse,
préservé fidèlement par Pénélope,
oui, comme lui gardé loin
des vents mortels
venus du Nord-Est!


CORPS DE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 DECEMBRE 2007