À une Vierge Ondoyante


J’aime la légère ondulation
de ton corps,
pareille à l’allure d’un poney,
et par laquelle tu sembles échapper
à la gravité terrestre
à la manière d’un aigle noir
s’envolant du poing du chasseur,
son maître,
pour foncer sur un renard mongol
ou d’un moineau d’Alger
fuyant de branche en branche d’oranger
l’horreur industrielle
ou d’un poète quittant les miasmes
de la ville
pour les cimes de l’Esprit
où les amandiers fleurissent
ou, enfin, à la façon d’une flamme
agitée par la bise
et formant de la sorte dans l’air
des pattes de lion maure
ou des étendards de Constantinople
ou des langues de lévriers russes
ou des sabres indiens!


Et ce tien si discret balancement des hanches
accompagne le chant
de tes chaudes prunelles marron
et de tes paupières violettes
où au matin les alouettes
viennent se poser
les prenant pour des auvents de France
sous lesquels il fait bon s’abriter
en temps d’orage
ou de grand vent!


Ô vierge tanagréenne,
je jure devant le feu
de cet âtre royal
portant les armoiries de Perse,
oui, je jure de toujours chanter
tes innombrables sortilèges
et le charme éloquent de ton regard,
comme un rossignol d’Orient!


Oui, je fais le serment
de toujours célébrer
comme un rossignol de Mai
l’alouette qui insuffle dans son sang
l’amour de la beauté
de la lumière d’été
et de la gloire du printemps enchanté!


Car dans ton ondoiement
de princesse byzantine,
je lis un symbole de ton âme gaie
et un signe inespéré
de cette féminité
que j’ai longtemps recherchée
dans le rêve,
avant même ma venue au monde!


CORPS DE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 DECEMBRE 2007