À la Belle Chirazie


Le musc de tes cheveux châtains
dénonce à la lune
mon amour pour toi,
cet amour qui dure depuis ma jeunesse
et dont le parfum ne m’a pas quitté
comme ne m’ont pas quitté tes sourcils
qui lancent en direction de mes yeux
des traits brûlants
comme des éclairs d’été
ou comme des flammèches
jetées par la lave
d’un volcan vivant!


Non, je ne t’ai pas fui
par crainte de la fièvre amoureuse,
sinon je ne serais plus digne
d’être aimé de toi!


La chaleur persane de tes prunelles noires,
plus ardentes que le feu d’un âtre,
m’aide à reconsidérer mon orgueil
que rien ne justifie ni ne légitime,
et à voir dans ta solitaire personne,
non pas une étrangère
enfermée dans sa différence,
mais la plus intime compagne de mon coeur,
jusqu’ici adonné aux bestiales passions
du Non-Être!


Or, louer, comme je le fais,
la bonté de ton flanc de houri
et la beauté de ton visage de sainte,
c’est acquérir la sagesse
tant prônée par toutes les religions
et, surtout, par la religion orientale
de l’Amour,
la Reine de toutes les adorations
de par le vaste monde
illuminé par le soleil levant,
oui, par l’Aurore aux doigts d’or
qui n’est autre que l’Aurore spirituelle
coïncidant avec l’Aurore matérielle!


Sache, ô belle Chirazie
aux hanches de Paradis,
oui, sache que chaque fois
que je te vois passer,
couchée dans ta litière
aux rideaux roses,
je chancelle
comme un homme
ému par la splendeur
du ciel rose
de son propre rêve d’Aurore,
oui, comme un homme ivre
qui voit ses événements intérieurs
coïncider avec des faits extérieurs
ainsi que des signes
venus de la Déité!


CORPS DE LUNE

RECUEIL INEDIT. DU 11 AU 18 DECEMBRE 2007