À la Rose de mon Coeur


La pleine lune de mon été,
la Rose adorée de mon coeur,
est depuis longtemps devenue invisible!
Quelle est donc cette énigme?
Serai-ce là quelque secret
tenant à la longue distance
séparant les Indes occidentales,
sa contrée natale,
de notre Europe?


Ô ma Bien-Aimée, sache que,
quand même tu serais morte,
ton âme n’en continuerait pas moins
à chanter pour moi
comme un torrent d’astres
dans le ciel
ou ainsi qu’une oscillation de joyaux
dans les airs!


Car ta seule existence est
un Magnificat,
oui, une action divine
et une puissance céleste,
de celles qui traversent fulguramment
notre ciel ainsi que des météorites!


Jamais une femme
ne fut plus digne d’être aimée
que toi
et jamais un amour comme le mien
n’a aussi merveilleusement germé
dans le désert!


Ah! Tu es de ces femmes qui,
à l’instar de l’Augusta Théodora de Byzance,
faisaient naguère sortir, de sa propre volonté,
le peuple des murailles de Constantinople,
quand elles revenaient d’un voyage!


Oui, telle est ta splendeur
que le peuple byzantin, s’il existait encore,
sortirait de la reine des villes
pour aller au devant de toi!


Or, en vain j’attends un signe
venant de la divinité
qui m’expliquerait l’énigme
de ton absence!


Et je tends l’oreille
afin d’entendre dans le silence de la nuit
quelque feulement de jaguar mexicain!


En vain, j’ouvre tous grands mes yeux
afin d’apercevoir quelque trace
dans la neige
de pas de puma!


En vain, je lève le front
vers le firmament
dans l’espoir d’y voir
le vol d’un condor!


Ô belle d’entre les plus belles,
viens me rendre visite,
pareille au rêve élégant
d’une caravane de vigognes!


Sache, cependant,
que les quelques rares instants
passés auprès de toi
durèrent pour moi
autant qu’un millénaire de joie!


DUNES D'AMBRE

RECUEIL INEDIT. DU 19 AU 26 DECEMBRE 2007