La Belle de Delhi


Ô belle de Delhi,
un tison dans une feuille de nénuphar,
c’est là l’image qui convient le mieux,
si l’on veut décrire notre union
dans la maison de palmes
où je t’ai possédée pour la première fois!


Et toi de reposer dans mon âme,
comme la maîtresse de ma vie!


Voilà pourquoi, je n’essaie même pas
de sortir de notre chambre d’amour
pour aller badiner avec les jolies filles
ou pour humer le parfum des roses
ou pour écouter les rossignols!


Non, je n’irai pas de sitôt
cueillir des dattes
ou ramasser des figues!


Que ferais-je des dattes ou des figues,
puisque tu es là,
à la fois datte et figue?


Oui, que ferais-je
de tous les fruits de l’Inde,
puisque tu es toi-même le fruit indien
le plus suave, le plus savoureux,
le plus velouté, le plus embaumé?


Ô délicate Bien-Aimée,
célébrons le ciel
semblable au fard bleu de ta volupté
ou au jus de la prune sauvage
avec lequel tu bleuis tes paupières!


Comme tes seins
gonflés d’ambroisie
et poudrés de pollen blanc comme neige,
le ciel est gonflé de lumière
et paré de nues toutes blanches
qui semblent naviguer dans ton coeur
comme dans l’océan Pacifique,
quand il est calme
et que ses coraux sont visibles
de la surface,
comme sont visibles,
à travers ta robe
mouillée de rosée,
tes hanches merveilleuses
et tes cuisses bénies!


LE FARD BLEU DE LA VOLUPTE

RECUEIL INEDIT. DU 27 DECEMBRE 2007AU 3 JANVIER 2008