La Femme-Olivier


Tes seins luisent au soleil
comme des olives vertes
qui me seraient tombées des Cieux
le neuvième jour d'Avril dernier,
anniversaire de ma naissance,
oui, des olives à la pulpe lisse
comme de la soie
et au goût d'une indicible douceur,
mêlée à la saveur de la mer
salée par les Néréides et les Tritons!


Oui, ta poitrine porte
entre tes poumons et ton coeur
toute la mer Egée,
cette mer grecque
dont Aphrodite,
Notre Dame en personne,
est le sel
et, par là-même,
la faune et la flore!


Parmi cette faune,
il est des daurades roses ou grises ou royales
que les travailleurs de l'onde
prennent au large des îles,
dans des barques de pêche archaïques
auxquelles ils donnent
un de tes noms naïfs et beaux,
Marie, Anne, Catherine, Christine
ou un de ces noms antiques
qui chantent si mélodieusement
à l'oreille
et qui ont fait la gloire de l'Hellade!


Or, ces daurades bénies
évoquent par la splendeur de leur chair,
à la fois ferme et tendre,
succulente et salée,
ta vaste hanche
délectable comme l'huile d'olive
et le jus de citron
qui arrosent le si blanc poisson
cuit sur les braises ardentes
du soleil de Grèce!


Ô femme-oliveraie,
ô jeune fille-olivier,
ô pucelle-huile d'olive,
ô jouvencelle-olive,
salut quarante mille fois!


Oui, si les femmes étaient des arbres
et si toi-même étais un olivier,
tu serais l'olivier même
à l'ombre tutélaire duquel
j'aimerais m'étendre
sur le gazon riche comme ton âme!


Comme je rêverais alors,
pendant des heures et des heures,
de tes rameaux
nourrissant un désir
d'inlassable plaisir,
de tes fleurs fécondes
engendrant des amours grandioses,
de tes feuilles gris-argent,
merveilleuses comme la terre attique,
divinement bruissant,
en été comme en hiver,
et prononçant des syllabes surnaturelles,
semblables aux arabesques de Grenade
et, enfin, de tes fruits
entonnant le Magnificat,
ce psaume de Marie!


Oui, tu es l'olivier royal
de ma naissance,
celui qui m'a élevé
dans l'immarcescible espérance
de l'unique Rencontre
avec l'Arbre de la Vie,
cet Olivier sacré,
planté au pied de l'Acropole
par Athéna,
l'Athénienne Déesse
que tu incarnes
avec tes yeux glauques comme l'océan!


PAR-DELA LES NUES

RECUEIL INEDIT. DECEMBRE 2005