À une Dame Impudique


Quand tu te promènes par les rues vernales
d’un pas lent et fastueux,
dix mille rossignols chantent de concert
dans les peupleraies de Céphisie!


Car le balancement même de tes fesses
et l’ondoiement de tes seins
qu’implique ta démarche libertine
éveille les fontaines cachées
qui se mettent à murmurer,
acquiesçant à la volupté
que tu suggères par ton mouvement lascif
et, partant, scandaleux!


Or, je préfère, et de très loin,
à la vertu stérile
la réalité de ton dévergondage,
ô Adorée à l’haleine de fauvette de Mai
et au parfum de rose
accablée de désir!


Oui, tout en toi évoque
l’orgasme des fleurs
dans les prairies printanières
et l’arôme des pelouses de l’Eden
sur lesquelles abeilles, papillons, cétoines
et même les anomaux
se livrent aux mille et un jeux
de la passion la plus écervelée
et la plus emportée
en vue de s’acquitter de leur devoir
envers la Création
qui, en se multipliant à l’infini,
sans cesse s’étend,
tentaculaire et parfaite!


Comme je te comprends,
ô femme impudique!
Comment pourrais-tu te permettre
de refréner l’élan vital en toi,
puisque l’air est si limpide
et que le gazon embaume?


Puisque toute la Nature embaume,
pourquoi la femme
n’embaumerait-elle pas,
elle aussi?


Et certes, tous les plaisirs
sont éphémères!
Mais raison de plus pour une femme
telle que toi
d’être dévergondée,
la vie étant si courte,
si brève!


C’est vraiment rendre hommage
au Seigneur des créatures
que de se débarrasser du masque de la vertu
en se dévergondant!


LES GENISSES DU SOLEIL

RECUEIL INEDIT. DU 13 AU AU 21 JANVIER 2008